Lettre à la mère toxique.
Cette femme pense qu’être dure, c’est aimer.
Elle n’a jamais dit "je t’aime", mais elle a souvent prononcé "tu devrais me remercier".
Elle ne sert pas dans ses bras, jamais. Elle sait serrer votre gorge par ses mots.
Elle n’a pas élevé un enfant : elle a dressé un survivant. Elle en est fière mais jamais assez pour l’avouer.
Jeune, ses critiques ressemblaient à des conseils.
Puis, ses attaques étaient déguisées en vérités.
Concernant un poids, des choix, des silences, des amis, des vêtements, une manière d’être.
"Je te dis ça pour ton bien", disait-elle. Comme si blesser était un service.
Elle ne s’excuse pas, jamais. La remise en question n’existe pas.
Jamais un mot de trop reconnu, jamais un pardon sincère.
Elle dit qu’elle "n’a pas le temps pour les sensibilités, les niaiseries, qu’elle vous apprend à être fort et parfait.
Et pourtant, la force, on s’en moque. L’essentiel réside dans le fait être aimé sans condition.
Ce qui hante, ce n’est pas seulement ce qu’elle a fait — c’est qu’elle en tire de la satisfaction.
Elle est persuadée d’avoir bien fait. Elle est heureuse de sa dureté, convaincue que sans elle, ce sera mieux, que tu ne seras rien.
Aujourd’hui, tu n’es plus cet enfant, tu avances. Tu déconstruis. Tu respires un peu mieux loin d’elle, loin de lui, en ayant osé couper le lien.
Cependant, certaines blessures parlent encore avec sa voix. Et parfois, tu détiens encore ce réflexe absurde : chercher son approbation, même en sachant profondément qu’elle ne viendra pas.
Une mère vous a appris malgré elle une chose essentielle : l’amour n’humilie pas.
Personne ne mérite de confondre toxicité et tendresse.
Marine Sind - Thérapeute en émancipation, affirmation de soi et relations.